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Une vidéo lebel et le goff (2008)

C’est en 2001 que lebel et le goff tournent leur première vidéo. La séquence s’ouvre sur deux volatiles de plastique qui pépient au rythme d’un morceau de musique tandis que pleuvent des assiettes qui se brisent au sol. Si l’oiseau est un des symboles de la personnalité des rêveurs, ceux de lebel et le goff semblent avoir les pattes bien sur terre. Mais les apparences sont trompeuses et ce chant décalé pourrait bien être une façon d’ entrer dans l’univers fantaisiste des artistes.

Etranges parce qu’ils jouent ?

«Les oiseaux gardent parmi nous quelque chose du chant de la création» disait le poète Saint John Perse. Fabriquer, créer, faire feu de tous les bois disponibles et rendre la vie ludique. lebel et le goff trouvent leur inspiration dans un quotidien qu’ils se plaisent à colorer peaufinant film après film, leur poésie burlesque. Ils ne sont pas étranges parce qu’ils s’amusent, mais parce qu’ils nous obligent à nous questionner sur le sérieux des attitudes qu’impose le social à l’adulte. lebel et le goff n’ont pas troqué le jeu d’enfants pour le jeu d’adultes, mais ils perpétuent l’exploration de leurs territoires, poussés par le plaisir de la démarche heuristique. Le temps de l’innocence n’est pas révolu pour ces deux-là et leur candeur revendiquée se présente comme une douce rébellion contre les impératifs de la norme.

lebel et le goff se plaisent à manipuler les petites choses de la vie courante qui deviennent prétextes à leurs expérimentations. Ils sortent et se frottent au monde extérieur, invitant l’autre à partager un moment en suivant leurs propres règles. On s’interroge sur ce qui se passerait si nous acceptions de suivre ces nouvelles directives, si nous quittions notre zone de confiance aussi rassurante que limitative. La vidéo des interviews prend le spectateur à rebrousse poil. Les questions ne sont pas attendues, les réponses pas davantage formatées.